CHAPITRE III LES CHEMINS DE L'ÉVOLUTION

20-12-2010 11:28

 "Rien au monde n’est plus logique que la lumière de l'évolution"

Theodosius Dobzhansky. (1973)

 

 

C’est en 1859, voilà bientôt 150 ans, qu’a été publiée l'œuvre intitulée « L'origine des espèces d’après la sélection naturelle » ou simplement « L'origine des espèces » du naturaliste anglais, Charles Spencer Darwin (1809-1882) Darwin a effectué son légendaire voyage qui a duré environ cinq ans (1832-1836) à bord du H.M.S. Beagle. Le parcours du Beagle incluait le Tenerife, les îles du Cap-Vert, le Brésil (Salvador et Rio de Janeiro, à l'aller et au retour), l’Uruguay, l’Argentine (Buenos Aires et Terre de Feu), le Chili, le Pérou, les Îles Galápagos, Tahiti, la Nouvelle Zélande et la Tasmanie. C’est sur les îles Galápagos, qu’il a récolté le plus d’informations (1). Tout au long du voyage, Darwin a fait des observations et a rassemblé des exemplaires d'une flore et d’une faune riches et variées qu’il a étudié durant 24 ans, pour après seulement publier son livre. Son travail a été mené avec sérieux et intégrité.

Nous devons rappeler que ce fut seulement au cours de la décennie 1830, que Karl Ernest Von Baer a organisé les travaux de Cytologie et, conjointement, Theodor Schwann et Mathias Jakob Schleiden, en ont établi les bases, stipulant que les animaux et les plantes ont été conçus par les mêmes éléments - les cellules (2). Quasiment en même temps, en France, Claude Bernard (1813-1878) développait la Physiologie. À leur tour, les lois sur l'hérédité découvertes par Gregor Mendel (1822-1884) ont été divulguées après que Darwin a publié ses travaux. Ce n’est qu’au début du XXe siècle, que les mécanismes de l’hérédité génétique ont été révélés à travers les études sur les chromosomes et les gènes. À partir de là, avec le développement de la Biologie Moléculaire, (James Watson et Francis Crick, découvreurs de la structure de l’ADN, Prix Nobel de Médecine en 1951) et, finalement, du génome (séquençage de l’ADN, à la fin du XXe siècle), est apparue la théorie Synthétique de l’Evolution ou le Néodarwinisme, basée sur la mutation et la recombinaison génique. Ces discernements n’ont été associés à la théorie de Darwin que récemment expliquant les différences entre les individus de même espèce en opposition aux critiques des sceptiques et des défenseurs du créationnisme (1).   

Plusieurs années se sont écoulées, sans qu’aucune autre meilleure théorie n’apparaisse détrônant celle appelée théorie évolutionniste de Darwin qui convient mieux à l’explication de l'évolution par la sélection naturelle entre les espèces d’après les faits observés. Nous rappelons qu'une théorie semblable a été, simultanément et individuellement, présentée par le britannique Alfred Russel Wallace (1823-1913) (1, 2).

Plus encore que son œuvre  « Origine des espèces », Darwin a provoqué, douze ans plus tard, la colère de l'Eglise catholique à la publication, de son œuvre, l’Origine de l'homme (1871), dans laquelle il a renforcé sa théorie selon laquelle l'être humain provient des primats. Avec cette œuvre, Darwin est entré en confrontation avec l'histoire biblique de la création de la manière dont elle est  racontée dans la Genèse. Les conservateurs de toute l'Europe ont protesté aussi contre cette théorie, refusant d'admettre que les ancêtres de l'espèce humaine pouvaient être des animaux. À l'époque, Darwin a été ridiculisé par la presse européenne, qui a publié des "titres violents et sarcastiques à son encontre et à celle de ses théories, considérées extravagantes, antisociales et athées. Une célèbre et notoire caricature de cette période le représentait avec un corps de singe, surplombé d’un crâne longiligne, un visage grave pourvu d’une longue barbe" (3). Darwin savait très bien que la divulgation de ses idées provoquerait des contestations et c’est peut-être pour cette raison qu’il avait ajourné leur publication, durant plus de vingt ans. Il a finalement dévoilé son travail uniquement "lorsqu’il a pris conscience des recherches et conclusions qu’Alfred Russel Wallace menait et qui étaient sur le point d’être publiées" (3).

Il est évident que Darwin a rencontré un soutien dans le milieu scientifique comme à travers Thomas Huxley, Paul Broca et Ernst Hæckel, outre Alfred Russel Wallace lui-même, qui lui a reconnu la primauté de la Théorie de l'Évolution. Face à une théorie aussi révolutionnaire, il y avait d’une part les Darwinistes qui percevaient, dans les idées "du controversé naturaliste, un modèle simple, absolu et brillant, capable d'expliquer la diversité des espèces et les origines des êtres vivants et de l'homme en particulier" (3), d’autre part il y avait les créationnistes, les défenseurs de la foi, de la religion et de l'Écriture Sainte dite sacrée. Ces positions antagonistes sont comme l'eau et huile, qui ne s’assemblent pas et ne se mélangent pas, à tel point que, si cette polémique s'était produite un siècle environ en arrière, hors de l'Angleterre, Darwin aurait été accusé de blasphème et d'hérésie et aurait péri brûlé vif sur le bûcher par l'Inquisition. Il est regrettable de voir que la polémique entre le créationnisme et l’évolutionnisme subsiste encore de nos jours, au XXIe siècle. Plus en avant, dans ce chapitre, nous examinerons cette controverse qui, pour les religieux est une question de foi et, pour les évolutionnistes, une question de raison et logique.

Puisque l'évolution des espèces jusqu’alors n’a tenu compte que du règne végétal et animal, incluant l'homme, nous allons considérer aussi l'"évolution" qui s'est produite au sein du règne minéral, celui-ci aussi constitue un point fondamental de la Nature. Il a appartenu à Charles Lyell (1797-1875), père de la Géologie moderne, contemporain et ami de Darwin, dans son œuvre en trois volumes,  " Les principes de la Géologie", publiée seulement entre 1830-1833, d’introduire le concept de gradualisme (observons la similitude avec le terme évolutionniste, de Darwin) dans la formation géologique de la croûte terrestre. Son œuvre s’est développée et aujourd'hui, l'évolution de la Terre est détaillée par ère et par période géologique, résultant des grands événements et cataclysmes que notre planète a subis. Néanmoins, aucun scientifique, à notre connaissance, n’a étudié l'évolution de la matière en elle-même, son organisation et sa structure comme étant la chaîne initiale de l'évolution des espèces. La matière a été tout de même remarquablement étudiée en ce qui concerne la connaissance intrinsèque de l'atome, des particules et leurs interactions tant dans le noyau atomique (protons et neutrons) qu’entre électrons. Il est indéniable que les résultats de ces études et les découvertes de la Physique et de la Chimie, principalement au XXe siècle, ont amené l'humanité à jouir d'une technologie avancée, négligeant, néanmoins, les valeurs morales de l'être. La science s’éloigne de la philosophie dont elle est la fille légitime. Nous allons, aussi, considérer l'évolution de l'homme, non en tant qu’espèce (matière), mais en tant qu’être (Force Intelligente - l'Esprit).

 

1.      Évolution de la Force à travers la Matière

 

Quand nous faisons une rétrospective depuis les prémices de l'Univers, en tenant compte des connaissances cosmologiques actuelles, quelle qu’en soit la théorie adoptée pour expliquer son origine et la raison de son existence, il ne subsiste aucun doute que l'évolution de la matière a commencé du plus simple au plus complexe. Le chemin que traverse de tels processus, toujours du plus simple au plus complexe, caractérise ce que nous appelons Évolution, non seulement matérielle ou somatique, mais aussi de la Force et avec elle, de l'énergie sous ses plus diverses formes connues et méconnues de la Science officielle. Initialement, les particules se sont formées à partir d'énergie (électrons et quarks) et, presque simultanément, se sont formées les particules de matière (protons et neutrons) grâce à la performance de la Force Universelle. Il est facile de déduire que toutes deux, Force et Matière, se sont formées dans cette séquence, parce que la Force requiert la Matière pour évoluer et pour ensemble, constituer les mondes qu’elles créent. Ce n’est que des millions d'années plus tard après l'origine de l'Univers, que se sont formés les premiers atomes d'hydrogène (matière) - plus simples, avec un proton dans le noyau et un électron autour de la planète électron. Ces éléments se sont agglomérés en vertu d'attractions des masses pour donner naissance aux étoiles, qui sont de véritables usines de force (fusion nucléaire de l'hydrogène, se transformant en hélium) A partir de la fusion de l'hélium à travers la nucléosynthèse, sont apparus les éléments les plus lourds. Il est à remarquer que la formation des éléments chimiques n'est pas indéfinie - elle a produit un certain nombre de structures atomiques naturelles (exactement 92) et s’en est arrêtée là. La combinaison d'atomes d’éléments identiques et d'éléments différents, selon les lois de la chimie, produit les molécules, macromolécules et molécules géantes.

La formation des planètes du système solaire s'est produite, il y a environ quatre milliards d'années et demi. En ce qui concerne la Terre, suite à son refroidissement jusqu'aux températures ambiantes connues et aux effets engendrés par de nombreux facteurs comme les intempéries, les volcans, etc., se sont formés les océans et la croûte terrestre. Ceux-ci contiennent, substantiellement, de nombreuses molécules de type inorganique ou minéral, bien qu’en moindre nombre par rapport à ceux de type organique (qui contiennent toujours l'élément carbone) Pour mieux étudier la croûte terrestre, les géologues ont créé les dénommées ères géologiques (précambrienne, paléozoïque, mésozoïque et cénozoïque), toutes ayant de longues périodes géologiques bien définies. Toujours selon les géologues et les paléontologues, la roche la plus ancienne connue, date de 3,8 milliards d'années. (5). Depuis la période archéenne de l'ère précambrienne (2,5 milliards d'années - 650 millions d'années), les premiers êtres vivants seraient apparus, provenant de substrats colloïdaux connus sous le nom de coacervats. Les colloïdes sont des substances chimiques complexes de poids moléculaire élevé.

Les minéraux se sont dispersés dans la croûte terrestre, ils font l’objet d'une science nommée - la minéralogie. La présence des nombreux éléments sous la forme pure (diamant, soufre, or, pour n’en citer que quelques-uns) et sous la forme combinée (oxydes, carbonates, silicates, sulfures et sulfates), soit en tant que substances amorphes soit sous les formes cristallines les plus variées et les plus belles, sont connus de tous. Les atomes se sont joints entre eux pour former les molécules, constituées soit des mêmes éléments simples, soit d’éléments différents, créant des composés binaires, tertiaires et quaternaires, en structures cristallines, beaucoup d’entre elles se sont façonnées dans la nature sous forme hydratée. Ces structures comprennent sept systèmes cristallographiques (régulier, tétragonal, hexagonal, rhomboédrique, rhombique, monoclinique et triclinique), tous avec leurs constantes cristallographiques et leurs propres caractéristiques de symétrie (essieux) (6).

Conformément à leur composition chimique (6), les cristaux sont classés en groupes de neuf classes avec plusieurs sous-classes, allant des éléments chimiques purs ou natifs (métaux comme l'or, l'argent, le cuivre et les métalloïdes comme le diamant, le graphite, le soufre), aux éléments composés chimiques (les sulfures, les halogénures, les oxydes, les hydroxydes (de deux types), phosphates, arséniates, vanadates, silicates et minéraux radioactifs). Ceux qui observent les cristaux restent en admiration face à leurs formes et leur beauté. Plusieurs de ces cristaux ont une remarquable luminosité, et des couleurs iridescentes. Certaines de ces merveilleuses substances possèdent des formes allotropiques – de même composition chimique et de structures cristallines différentes, comme le soufre et le carbone (charbon, graphite et diamant) qui semblent nous dire qu'ils ont leur propre individualité. Ce sont des formes de vie rudimentaire, intrinsèques aux atomes qui les constituent, nous montrant qu’en eux la Force Intelligente agit et interagit, en organisant son façonnement en symétrie, condition qui leur donne leur forme et d’autres propriétés caractéristiques à chaque espèce minérale. J'ai utilisé ici le terme espèce, intentionnellement, pour signifier qu’en vérité, les minéraux sont le point initial des espèces dans l’évolution, malheureusement non incluse dans l'œuvre l'origine des espèces de Darwin, même ayant été l’ami de Lyell, comme énoncé précédemment.

Peut-être du fait que la Matière appartienne au domaine de la Physique et de la Chimie, et, la Géologie étant une science distincte, connue de Charles Darwin,  ce notable naturaliste n'a pas fait de commentaires sur le règne minéral, perdant ainsi une excellente occasion d'élargir au concept d'évolution la matière sous toutes les formes. Darwin s'est limité ainsi à la matière organique - qui contient toujours l'élément carbone trouvé dans le règne végétal et dans le règne animal ainsi que chez l'homme. Bien qu’il ait inclu la matière organique dans ses conceptions évolutionnistes, il aurait fallu une théorie globale de l'évolution qui inclurait l'action de la Force Intelligente sous toutes les formes, dans la Matière. Ni les physiciens modernes (XXe siècle), ni les philosophes, jusqu'à présent (2006), n’ont dirigé leurs efforts et leur intelligence vers l’étude et l’examen de la vie hors de la matière dans toute sa dimension et toute sa splendeur.

 

La vie hors de la matière, bien que sensée et connue des sages philosophes de la plus lointaine antiquité, a seulement été étudiée, démontrée et vérifiée à partir du milieu du XVIIIe  siècle, avec les travaux de William Crookes et de nombreux autres investigateurs indépendants, conformément aux amples explications du chapitre VI – l’apparition du Spiritisme. Bien que nous nous limitions à la planète Terre, où la vie est connue telle qu'elle est représentée dans les différents règnes de la Nature, nous constatons que ni les physiciens ni les chercheurs en Biologie (biologistes, généticiens, etc.) ni les Médecins (neuroscientifiques), ne se sont pas encore intéressés à la vie hors de la matière, domaine fondamental à la compréhension de la vraie vie sur Terre.

 C’est Luiz de Mattos (7) qui, déjà en 1910, dans un élan de grande intuition, a affirmé que dans la Nature seules existent la Force et la Matière et que la première agit sur la seconde dans tous processus. Il a affirmé que cette réalité s’étendait depuis le microcosme jusqu'au macrocosme. Voici ses paroles, d’après le  livre Rationalisme Chrétien, de la 43ème édition, à la page 49 :

 

Le globe terrestre est une sphère de matière organique imprégnée de force qui agit directement sur les atomes, les constituant, les joignant et les maintenant en équilibre, dans la systématique d'une complexité de mouvements.

L'atome est en constante vibration produite par l'énergie qui est en lui et qui le lie à un autre atome en vertu de la force de cohésion afin de composer la molécule. C’est aussi cette même force de cohésion qui joint les molécules entre elles (7).

 

Il s'agissait d'une intuition téméraire, alors que les connaissances sur le modèle atomique et la physique quantique en étaient encore à leurs balbutiements, et que ces connaissances n'étaient pas à la portée de Luiz de Mattos, qui n’était pas scientifique, mais philosophe spiritualiste autodidacte.

Plus avant, dans la même œuvre mentionnée, à la page 50, Luiz de Mattos présente un schéma, montrant l'interaction de la Force Universelle dans la Matière à travers les trois règnes de la Nature, répartissant ses attributs fondamentaux, avec une prédominance de la Force dans le règne minéral, la Force et la Vie dans le règne végétal, la Force, la Vie et l'Intelligence dans le (règne animal), dans cet ordre. Il a ajouté à la page 51 de l'œuvre  mentionnée :

 

Il ne faut pas inférer, à partir de là, l’inexistence de la vie dans le règne minéral ni de l’intelligence dans le règne végétal. Seule est mentionnée la prédominance des attributs fondamentaux, pour faciliter la compréhension du lecteur, vue la transcendance du sujet.

L'être humain qui voudra s’attarder en étudiant cet important sujet, trouvera un large domaine ouvert lui permettant de creuser son raisonnement, de fortifier ses convictions, pour enfin conclure que ces deux sources substantielles - Force et Matière - sont le début et la fin, des unités qui se touchent à leurs extrémités, qui avancent parallèlement et qui, dans leur dimension incommensurable, incluent l'infini, pénètrent et impliquent l'Univers.

Les expressions ici employées sont relatives, par manque d'autres termes qui pourraient mieux convenir pour exprimer une conception d'ordre absolu (7).

 

Il faut donc comprendre que Luiz de Mattos, depuis le début de son œuvre parue sous le titre "Spiritisme Rationnel et Scientifique Chrétien" et aujourd'hui connue et divulguée sous le titre de "Rationalisme Chrétien", avec près de 100 ans d'existence, a toujours analysé, enseigné et divulgué un concept plus ample de la vie - un concept non matérialiste, exprimé en termes doctrinaux, un concept spiritualiste de la vie, qui en est l’expression suprême et l'homme en fait partie, comme nous le verrons plus en avant. Pour Luiz de Mattos, non seulement la Matière évolue, mais aussi et principalement la Force qui incite toutes formes de matière, depuis l'inorganique ou minéral (de la chimie inorganique), à l'organique (de la chimie organique, qui contient l'élément carbone comme fondement) et la biologique (chimie biologique, qui est une structuration raffinée de la chimie organique, qui donne leur origine aux cellules et aux systèmes biologiques).

Au début du XXe siècle, la science elle-même avait une idée très simpliste de ce qu’était la Matière. Elle était considérée comme une substance quelconque. Prenons, pour exemple encore, avec les connaissances de l’époque, une pierre banale, cassée, triturée et réduite en poussière. Cette poussière, à son tour, serait formée de molécules qui, elles, résulteraient de la liaison des atomes qui se présenteraient sous la forme de minuscules petites balles sphériques, indivisibles. Pour les chimistes et les physiciens de l’époque, où les idées étaient figées, tout était évident et la Matière était tout ce qui pouvait se palper. Seulement la science allait s’orienter vers l’interrogation sur ses propriétés, dans le cadre du réalisme atteint par les conceptions physiques et permises par les instruments de laboratoire. Y aurait-il là une place pour la Force Intelligente et pour l'Esprit (la Force dans sa forme plus évoluée, l'intelligence efficace) ? La Force ne devrait-elle pas être étudiée comme étant un sous-produit de la Matière ou quelque chose d’indépendant hors de la matière et ayant une action sur elle ? C’était le dilemme rencontré par Luiz de Mattos et par les scientifiques en général.

Le chemin suivi par la Science a été celui de faire des recherches sur la Matière, donc, comme nous l’avons vu, à cette époque elle avait déjà été libérée de la Philosophie et avait placé l'expérimentation comme étant son principal outil de recherche, reléguant en second plan l'instrument de la raison, propre à l'être humain, ainsi qu’une bonne part de la logique. Au début de XXe siècle est née la théorie quantique avec une affirmation révolutionnaire de tout ce qui se concevait à propos de la Matière, selon le texte ci-dessous qui reproduit une entrevue du philosophe français Jean Guitton avec les docteurs en sémiologie (science qui étudie la signification des processus culturels) et les physiciens théoriciens Igor et Grichka Bogdanov, dans notre propre traduction.

 

Nous voici au début des années 1900. La théorie quantique nous dit que pour comprendre le réel, il faut renoncer à la notion traditionnelle de matière : matière tangible, concrète, solide. Que l'espace et le temps ne sont qu’illusions ! Qu'une même particule peut être détectée à deux endroits en même temps ! Que la réalité fondamentale n’est pas connaissable !

Nous sommes liés au réel de ces entités quantiques qui transcendent catégories du temps et de l’espace ordinaires. Nous existons à travers "quelque chose" dont nous avons du mal à appréhender la nature et les étonnantes propriétés, mais qui se rapproche plus de l'esprit que de la matière traditionnelle. (8) :

 

Nous avons traité les grands bouleversements qu’il y a eu en Physique durant le XXe siècle dans le chapitre II consacré à la Force et à la Matière, du point de vue exclusivement scientifique. Nous allons traiter maintenant l'autre alternative, la non matérialiste, dans laquelle la réalité ne se limite pas à la Matière visible, où l’espace et le temps ne sont pas de simples abstractions, de pures illusions des perceptions humaines. Comme nous l’avons dit, celle-ci a été la voie choisie par Luiz de Mattos suite à ses recherches philosophiques et spiritualistes. Ses études l'ont conduit à considérer la Force comme particule de l'Intelligence Universelle - Force Créative. Presque comme dans la Physique quantique qui a considéré que la réalité n'est pas causale, ni locale, en elle, espace et temps sont des abstractions, de pures illusions, à la différence que celle-ci conçoit tout comme conséquence de la Matière. Voir la citation ci-après :

 

"Les conséquences de cette affirmation dépassent de beaucoup tout ce qu’aujourd'hui nous sommes en capacité d'ajouter à notre expérience ou même à notre intuition. Peu à peu, nous commençons à comprendre que la réalité se révèle inaccessible et nous la percevons à peine sous forme d’ombre, provisoirement convaincus d'un mirage. Qu’y a-t-il alors sous le voile ? (8)"

 

Devant cette énigme, il reste seulement deux attitudes à adopter. L'une d’elles conduit à l'absurdité : continuer à déifier la Matière. L’autre nous mène à l’inquisition de l’inconnu, dont les lois continuent à défier la Science. Ce dilemme ne pourra durer plus longtemps, l'humanité est en carence d'informations et en sollicitation d’une direction certaine pour son évolution. Après tout, qu’est-ce qui est vrai ? Pourquoi l'être existe-t-il et quel est sa destinée ? Nous avons besoin de soulever le voile de la Matière pour le découvrir. Ces questions seront traitées dans la seconde partie de ce livre.

Il s'agit d'un domaine inconnu et ouvert à une recherche sérieuse et honnête, sans la vieille mystique des religions. La seule nécessité est le courage et la valeur, que tout scientifique honnête possède, mais il ne faut pas hésiter à approfondir cette question sans douter, et à accepter les résultats surprenants, mais non miraculeux qui, à n’en pas douter, seront trouvés en dehors de la Matière. L'heure est venue en ce début du siècle, alors que l'humanité est éreintée par tant de matérialisme !

Faisons encore allusion à Jean Guitton (8), qui a affirmé la nécessité que nous avons de franchir un pas décisif, en démontrant "qu’il y a continuité entre la Matière dite "inanimée" et la Matière vivante. En effet, la vie tire directement ses propriétés de cette mystérieuse aptitude qu’a la Matière à s'organiser spontanément, pour se diriger vers des étapes sans cesse plus ordonnées et plus complexes. Nous l'avons déjà dit : l'Univers est une vaste pensée. En chaque particule, atome, molécule, cellule de matière, vit et agit incognito, une omniprésence. Plus encore : "La présence manifeste de cette intelligence, jusque dans l’enveloppe de la matière, m’éloigne pour toujours de la conception d'un Univers qui serait apparu "par hasard", qui aurait produit la vie et l'intelligence "par hasard". Derrière ces affirmations il y a le fait que l'Univers a un axe, une intention, que nous désignons comme évolutif, de l'atome le plus rudimentaire à la plus haute intelligence possible sur Terre et dans l'espace infini, que nous représentons comme Intelligence Universelle (cause transcendante), source de toutes les particules intelligentes porteuses de vie.

Quand nous mentionnons qu'il y a une cause intelligente nous ne nous référons pas aux Dieux des religions ni aux idées que se font les religieux de toutes religions sur Dieu, ni à la présomption d’un Dieu super mathématicien (ni au cas de la théorie des probabilités, ni à l'Infini du calcul infinitésimal ou à l'Infini Universel). Il ne s'agit d'aucune entité ou super entité. Nous parlons de causes ou agents non connus encore par la science officielle. Nous parlons de causes super galactique ou inter galactiques, non surnaturelles, car le naturel n'est pas seulement ce qui se voit. On voit les objets et les choses qui reflètent seulement la lumière visible, une infime fraction de toute l’amplitude du spectre électromagnétique. Les scientifiques parlent beaucoup de réalité (voir, plus en avant, le chapitre V sur Vérité, Réalité et Paradigme) et déifient ce concept comme s'il s'appliquait uniquement au monde matériel. Comment serait cette réalité, par exemple, si nos yeux apercevaient une partie plus importante du spectre électromagnétique, par exemple, si nous avions des yeux pénétrants comme les Rayons X ? Nous n’allons pas nous étendre sur ce sujet, mais ce que nous voulons dire c’est que toute réalité, qu’elle soit objective ou subjective, est toujours relative. Ce que nous disons c’est que l'évolution ne se limite pas seulement à la forme, mais aussi, à la Force, à l'essence, à l'Esprit, qui n'a pas de forme, mais qui peut endosser une quelconque forme, utilisant le fluide universel, qui est une matière ténue, raréfiée, modelable par la Force.

La Force (type), qui inclut l'Esprit (espèce supérieure de la Force), évolue toujours et cette révolution commence dans les atomes, depuis le plus simple élément chimique naturel comme l’hydrogène jusqu'au plus complexe comme l’uranium autant dans le règne minéral que dans le règne végétal et animal, car finalement, tous les corps sont des atomes qui se structurent en créant des formes de plus en plus complexes, sous l'action de la Force, tout au long de cette évolution, comme nous le verrons plus loin. En définitive, l'Univers et tout ce qui existe ont une histoire et, cette histoire est loin, très loin d'être connue de l'homme. Peut-être sommes nous passés, en qualité d’êtres humains, par une grande évolution, sans que nous puissions en parler, donc l'évolution est un processus excessivement lent et ses effets sont seulement observés après de longues périodes. À partir de là, nous osons penser à l’évolution vers une "super-espèce" humaine, capable d'utiliser, par exemple, la télépathie comme élément biologique de réception et de transmission de pensée.

 

Évolution de la Force dans les êtres vivants

 

Exception faite du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone, des acides carboniques, des carbonates, des bicarbonates et leurs sels, dont les études font partie de la chimie inorganique ou minérale, toutes les substances qui contiennent du carbone dans leurs molécules font l’objet de la chimie organique. Ce concept est né lorsqu’en 1828, Friederich Whöler (1800-1882) a synthétisé pour la première fois l'urée. 140 ans se sont écoulés avant qu’Arthur Kornberg (1918 - prix Nobel de Médecine en 1959) et Mark Goulian ne découvrirent, en 1967, la synthèse de l'acide désoxyribonucléique, l’ADN, molécule de structure hélicoïdale porteuse du code génétique (9)

 

L'origine de la vie

 

Durant la période qui s'est écoulée depuis le lancement de l'œuvre, l'origine des espèces de Charles Darwin (1859), dans laquelle n’a pas été prise en compte l'origine de la vie, jusqu'à ce jour (2006), plusieurs spéculations sur ce sujet ont été avancées sans convaincre tous les chercheurs, bien que beaucoup d’entre elles aient reçu un cautionnement scientifique. Au cours de la dernière moitié du siècle dernier, la Biologie a fait une grande avancée, au point de décrypter le code génétique de la reproduction cellulaire et promouvoir le clonage d'embryons. Des expériences en laboratoire ont permis la formulation de théories cohérentes, plausibles et acceptables sur l'origine de la vie, évidemment sans caractère exact, comme celles qui ont été présentées, presque simultanément, par J. B. S. Haldane (1892-1964) et Alexandr Ivanovitch Oparin (1894-1980).   

Nous allons examiner, en résumé, l'hypothèse du chimiste russe Alexandr Ivanovitch Oparin, divulguée aux alentours de 1936, version plus ou moins acceptée par les scientifiques (biologistes) sur la formation des premiers êtres "vivants". Oparin avait des connaissances en Astronomie, en Géologie, en Biologie et en Biochimie et il les a employées comme solution à ce prétendu problème. Il avait observé lors de ses études en astronomie que quelques planètes du système solaire possèdaient l'atmosphère simplifiée avec la présence de gaz comme l'hydrogène, le méthane et l'ammoniaque.

Par analogie, Oparin a admis que lorsque la Terre s'est formée et s’est solidifiée bien qu’encore chaude, de fréquentes tempêtes avec des décharges électriques (foudre) se produisaient et celles-ci auraient provoqué des réactions chimiques entre les éléments précédemment mentionnés et la vapeur d'eau, formant des molécules plus ou moins complexes d'acides aminés. Ainsi, il semble bien probable que dans les prémices de sa formation, l'atmosphère de la planète était constituée d'hydrogène, de vapeur d'eau, de gaz carbonique, de vapeurs sulfureuses, d'ammoniaque et de méthane. Il n’y avait pas d’oxygène dans l'atmosphère, celle-ci étant réductrice (le contraire d'oxydant) par excellence. La vapeur d'eau provenait de l'intense activité volcanique qui, de nos jours encore, est apportée avec le magma lors des éruptions volcaniques, à la proportion de près de 10 %. Les océans, mers et lacs primitifs bien différents des actuels se sont formés avec le refroidissement de la Terre. À un certain moment, durant la période archéenne (3.5 - 2.5 milliards d'années en arrière) de l'ère précambrienne, sont apparues les premières "briques" chimiques en forme d'acides aminés et les protéines. Avec la persistance des pluies, durant des milliers ou des millions d'années, les acides aminés et les protéines ont été entraînés et emmenés dans les lacs, mers et océans. Durant une période incalculable, ces protéines se sont assemblées maintes fois, et se sont multipliées qualitativement et quantitativement dans les eaux chaudes des lacs, mers et océans. Puis, dissoutes dans l’eau, elles ont créé une sorte de "mixture" chimique, qui a pu se concentrer quelque part, qui sait, près des plages et des rochers, pour former des colloïdes. L'interpénétration des colloïdes a entraîné la formation des coacervats, (10) un type spécial de colloïde.

Cette hypothèse est plausible parce que, dans l'Univers, dans plusieurs étoiles, l'analyse spectrale révèle la présence de molécules d'ammoniaque et des molécules organiques de petite taille sous la forme d'hydrocarbures. Des expériences de laboratoire ont simulé les conditions probablement existantes sur Terre au début de l’apparition de la vie, envoyant des décharges électriques (en simulant les décharges électriques des tempêtes) à travers un mélange de gaz contenant hydrogène, vapeur d’eau, ammoniaque et méthane, synthétisant ainsi des molécules organiques, du type acide aminé (molécules qui contiennent du carbone, de l'hydrogène et de l'azote). Cette expérience a été faite par Harold Urey et Stanley Miller, vers 1952. L'étape suivante a été de créer des conditions en laboratoire qui ont permis la formation des macromolécules pouvant se dupliquer afin de produire des copies d’elles-mêmes. Cela a été une réussite, bien que sujet à beaucoup de controverses.

Sur cette base, ils ont déduit qu’une concentration de molécules comme celles indiquées, circonscrites à des zones très restreintes, aurait formé une sorte de "mixture" chimique. Celle-ci, qui sait, sous l'action catalytique d'argiles et d’autres éléments métalliques ou même de certaines enzymes ou ferments synthétisés durant un long processus, auraient formé des macromolécules de nucléoprotéines et lipides, combinées aux structures colloïdales, connues sous le nom  de coacervats. L'interaction entre coacervats, nucléoprotéines et lipides aurait créé les conditions nécessaires pour l’apparition des cellules, sous la forme des premiers êtres unicellulaires - procaryotes (cellules sans noyau). Ils ont suspecté que les premiers fossiles les plus anciens trouvés datées d'environ 3 milliards d'années provenaient de procaryotes. Une description bien détaillée de ce processus peut être observée sous  la référence (9) et, principalement sous la référence (11). Nous avons extrait des travaux du professeur Cynara Chemale Kessler, ce qui suit :

 

 

Sous cet aspect, la structure colloïdale de la matière organique aurait cédé la place aux membranes cellulaires. Le problème de la synthèse des grandes molécules s’est subdivisé en deux interdépendants. Le premier considère seulement l’apparition des molécules telles qu’elles sont connues actuellement. Le second se réfère à la manière dont le passage s’est effectué de l'état d'une simple « mixture » de molécules organiques à celui de l’apparition de formes cellulaires organisées.

Pour le premier problème, la réponse est apparemment paradoxale. Imaginons une petite protéine formée de cinquante acides aminés, de vingt variétés. Défaisons cette protéine et regroupons les acides aminés, de toutes les manières possibles, cela donnerait un nombre très élevé de possibilités : l'unité suivie de 48 zéros. Pourtant, si dans les mers primitives toutes les combinaisons étaient possibles (et ce fut sans aucun doute le cas), pour quelle raison sont-elles parvenues à produire la vie ? Le paradoxe est qu’elles ont vraiment réussi parce qu'elles ont réellement produit la vie(9).

 

 Il est possible, que d’autres types de macromolécules soient apparus, outre l’ARN (acide ribonucléique) et l’ADN (acide désoxyribonucléique), mais ce sont seulement ces dernières qui ont réussi à s'organiser en petites unités autoreproductrices, utilisant les autres comme nourriture, dans une espèce de "cannibalisme". Avec cette hypothèse, il est admissible que les procaryotes (représentés par des bactéries et des algues, dont les cellules ne contiennent pas de noyau) soient les premiers êtres vivants. Ils étaient hétérotrophes, comme les animaux et les fongus actuels, qui mangent d’autres êtres vivants pour survivre. Seulement longtemps après, il y a environ 1,5 milliard d'années, ont surgi les eucaryotes (dont les cellules contiennent des noyaux) - autotrophes, c’est-à-dire que ces êtres vivants qui créent leurs propres aliments, comme les plantes actuelles. Ceci aurait été possible avec l’apparition des chloroplastes (éléments créateurs de chlorophylle) à l’intérieur des cellules. Selon cette version, les animaux (règne des monères- bactéries et certaines algues destituées de chloroplastes, du type cyanophycées ou algues bleues) seraient apparus avant les végétaux.

À la fin du cannibalisme initial, qui a duré des millions d'années, les unicellulaires ont évolué vers une étape de complexité telle qu’elle permettait de bénéficier des réactions photochimiques. Avec ce mécanisme de photosynthèse (transformation du gaz carbonique atmosphérique par la chlorophylle, en produits organiques par les plantes, avec libération d'oxygène), l'extermination de la vie naissante représentée par les procaryotes a été évitée, ce qui aurait pu se produire si le cannibalisme avait continué. Il faut mentionner que, jusqu'à l’apparition des eucaryotes, la vie s’organisait dans les mers, alors que l'atmosphère était essentiellement réductrice, avec uniquement 0,001% d'oxygène. Il y a seulement 1,8 milliard d'années, l'atmosphère aurait atteint une teneur élevée en oxygène (aujourd'hui, environ 21%), suite à  des millions d'années de photosynthèse des êtres unicellulaires primitifs (végétaux), principalement grâce au plancton océanique (10).

Grâce au perfectionnement de la microscopie optique électronique, outre les autres techniques et conformément au type structurel des cellules (procaryotes et eucaryotes), Whitaker a classé les êtres vivants actuels en cinq règnes : monères (procaryotes : bactéries actuelles et certaines algues), fongus, protistes, (protozoaires et algues unicellulaires), animaux (pluricellulaires), plantes (pluricellulaires), ces quatre derniers étant tous des eucaryotes. (12)

Comme nous l’avons dit, les hypothèses ci-dessus sont plausibles, mais même si la matière s’est ordonnée dans une structure complexe et propice à la vie, cela ne signifie pas que la vie était présente et c’est là, la différence entre exister et ne pas exister en tant qu’être. Même s’il s’agit d'une seule cellule, il est nécessaire que soit incorporé en elle le processus métabolique, de lui imprimer la Force Intelligente qui lui garantisse ce que nous appelons "vie", soit sous la forme cellulaire autotrophique ou hétérotrophique. La véritable vie, d’où vient-elle, où se trouve son origine ? Le fait de dupliquer une molécule d'acides aminés, des nucléotides ou même de l’ADN, signifierait-il aussi dupliquer la vie ?

Vu la nature aussi philosophique de cette question, puisque rien ne survient par hasard, à chaque conséquence il y a une ou plusieurs causes, nous allons reproduire ici une partie du dialogue qui s’est déroulé entre les auteurs du merveilleux livre Dieu et la science, d Igor et de Grichka Bogdanov avec le philosophe Jean Guitton, conformément à ce qui a été rapporté sous la référence (11) :

Igor Bogdanov - Prenons un cas concret : dans une cellule vivante subsiste une vingtaine d’acides aminés, formant une chaîne compacte. La fonction de ces acides aminés dépend, à son tour, d'environ 2000 enzymes spécifiques. Continuant le même raisonnement, les biologistes ont calculé que la probabilité pour qu’un millier d'enzymes différentes se rapprochent de manière organisée jusqu'à former une cellule vivante (tout au long d'une évolution de plusieurs milliards d'années) était de l'ordre de 101000  contre un.

 

Jean Guitton : Ce qui veut dire que cette probabilité est nulle.

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Igor Bogdanov – C’est ce qui a amené Francis Crick, découvreur de l’ADN et prix Nobel de Biologie, à conclure, dans le même sens : "Un homme rationnel, possédant tout le savoir possible, aurait l'obligation d'affirmer que l'origine de la vie est du domaine du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour qu’elle puisse être possible".

 

Grichka Bogdanov - Retournons un instant aux origines, il y a quatre milliards d'années. En ces temps éloignés, il n'existait pas encore ce que nous appelons la vie. Sur la Terre des premiers âges, balayée par les vents éternels, les molécules naissantes étaient incessamment agitées, coupées, reformées et ensuite encore dispersées par la foudre, la chaleur, les radiations et les cyclones.

Néanmoins, dès cet état primitif, les premiers corps simples se sont assemblés selon des lois qui ne doivent déjà plus rien au hasard. Par exemple, il existe en chimie un principe aujourd'hui connu sous le nom de "stabilisation topologique de charges". Cette "loi" implique que les molécules qui comportent, dans leur structure, des chaînes d'atomes en alternance (surtout le carbone, l'azote et l'oxygène) forment, en s’assemblant des systèmes stables.

 De quels systèmes s'agit-il ? Rien de moins que des pièces fondamentales qui composent la mécanique du vivant : les acides aminés.

Toujours selon la même loi d'affinité atomique, ils se joignent à leur tour pour former les premières chaînes de ces précieux matériaux de la vie que sont les peptides.

Dans ce bouillon primitif, dans les vagues noires des premiers océans du monde, ont commencé ainsi à surgir selon le même processus les premières molécules « bases azotées » (qui sont appelées les "purines" et les "pyrimidines"), desquelles va naître plus tard, le code génétique. La grande aventure commence, attirant lentement la matière vers le haut, dans une irrésistible spirale ascendante : les premières «bases azotées» se sont renforcées, associant le phosphate et les sucres, jusqu'à l’élaboration des prototypes des nucléotides, ces célèbres éléments de base qui ont formé à leur tour d’interminables chaînes, conduisant à l'étape fondamentale du vivant, qu’est l’émergence de l'acide ribonucléique (le célèbre ARN, presque aussi connue que l’ADN).

Ainsi, en quelques centaines de millions d'années à peine, l'évolution a engendré des systèmes biochimiques stables, autonomes, protégés de l'extérieur par des membranes cellulaires ressemblant à certaines bactéries primitives.

 

Jean Guitton – En dehors de l’approvisionnement en énergie abondante à l'époque, le véritable problème auquel ces cellules archaïques se sont trouvées confrontées, était la reproduction. Comment maintenir ces précieux agglomérats ? Comment ces petites merveilles de la nature pouvaient-elles garantir leur pérennité ? Nous venons de voir que les acides aminés, dont elles étaient formées, obéissaient à un ordre. Il était nécessaire, donc, que ces premières cellules apprennent à "reproduire" quelque part cet enchaînement dans l’élaboration de leurs protéines de base, pour qu'elles-mêmes restent en mesure de fabriquer de nouvelles protéines, conformes sous tous les aspects aux précédentes.

La question est donc de savoir comment les choses se sont déroulées à cette étape : comment ces premières cellules ont-elles inventé les innombrables stratagèmes qui ont conduit à ce phénomène : la reproduction ?

 

Igor Bogdanov - Dans ce cas aussi c’est une "loi", inscrite au cœur même de la matière, qui a permis le miracle : les acides aminés les plus polaires (ceux qui comportent une charge électrostatique élevée) sont spontanément attirés par les « bases azotées », tandis que les moins polaires se lient à d’autres familles, comme la cytosine.

Ainsi est né le premier croquis du code génétique : en se rapprochant de certains nucléotides et pas de certains autres, nos fameux acides aminés ont élaboré lentement les plans de leur construction, ensuite ils ont créé les outils et les matériaux  permettant de les fabriquer.

 

 Grichka Bogdanov – Il est nécessaire d'insister encore une fois : aucune des opérations évoquées  plus haut n’a pu s’effectuer par hasard.

Prenons un exemple, parmi tant d’autres : pour que l’assemblage des nucléotides conduise "par hasard" à l'élaboration d'une molécule d’ADN utilisable, il aurait fallu que la nature multiplie les tentatives pendant au moins 1015 années soit cent mille fois plus longtemps que l'âge total de notre Univers.

 

Jean Guitton – En d’autres termes, un seul essai au hasard sur Terre aurait suffi à épuiser l'Univers entier. Comme si tous les schémas de l'évolution avaient été écrits par avance, depuis les origines.

Toutefois une question se pose. S'il est vrai que l'évolution de la matière vers la vie possède relève bien d’un ordre, de quel ordre s'agit-il ?

J'observe que si le hasard tend à détruire l'ordre, l'intelligence se manifeste au contraire par l'organisation des choses, par l'installation d'un ordre à partir du chaos. Je conclus donc, en observant l’effroyable complexité de la vie, que l'Univers lui-même est "intelligent" : une intelligence qui dépasse notre vision de la réalité (à l'instant primordial de ce que nous appelons la Création) a ordonné la matière qui a donné naissance à la vie. 

Cependant, une fois de plus : Quelle est la nature profonde de cet "ordre", de cette intelligence perceptible dans toutes les dimensions du réel ?

 

Jean Guitton – Si un ordre sous-jacent gouverne l'évolution du réel, il devient impossible de soutenir, d'un point de vue scientifique, que la vie et l'intelligence sont apparues dans l'Univers à la suite d'accidents, d'événements aléatoires, sans une quelconque finalité. En observant la nature et ses lois, il me semble, au contraire, que l'Univers entier converge vers la conscience. Mieux encore : dans son immense complexité, et malgré ses apparences hostiles, l'Univers est fait pour produire la vie, la conscience et l’intelligence. Pourquoi ? Parce que, opur paraphraser une citation célèbre, "matière sans conscience n'est que ruine de l'Univers". Sans nous, sans une conscience qui le légitimerait, l'Univers ne pourrait exister : nous sommes l’Univers même, sa vie, sa conscience, son intelligence.

Par conséquent, nous devons revoir la fonction de ce que nous appelons hasard. Jung soutenait que l’apparition de "coïncidences significatives" impliquait nécessairement l'existence d'un principe explicatif qui devait s’ajouter aux concepts d'espace, de temps et de causalité. Ce grand principe, appelé principe de synchronicité, est basé sur un ordre universel de compréhension, complémentaire de la causalité. À l'origine de la Création il n'y a pas d’événement aléatoire, le hasard n’existait pas, néanmoins il y avait un niveau d'ordre infiniment supérieur à tout ce que nous pouvons imaginer : ordre suprême qui régule les constantes physiques, les conditions initiales, le comportement des atomes et la vie des étoiles. Puissant, libre, infiniment présent, mystérieux, implicite, invisible, sensible, il est là, éternel et nécessaire derrière les phénomènes, au-dessus de l'Univers mais présent dans chaque particule (8).

 

Ce qui reste exposé dans ce sage dialogue fait comprendre que nous ne sommes pas un simple produit de cette petite planète ou alors, comme a dit Theodosius Dobzhansky : ""Rien au monde n’est plus logique que la lumière de l'évolution" (2,13).

 

 L'évolution des espèces - Darwinisme et Néodarwinisme.

 

Bien que Charles Darwin, dans son œuvre, L'origine des espèces (The origins of species), n'ait pas abordé directement le problème de l'origine de la vie, après son long voyage de plus de cinq ans dans son bateau nommé « Beagle », autour du monde et après d’exhaustives études comparatives basées sur la variété des espèces, il en a déduit plusieurs lois, établissant la théorie de la sélection naturelle. En vérité, cela n’a pas été facile de théoriser sur un sujet encore mal dominé par les naturalistes, depuis Aristote.

 Malgré les multiples quolibets qu’il a subis à son époque, peu à peu la théorie a gagné du terrain et elle s’est affirmée. Celui qui a lu son œuvre connaît aussi bien les difficultés que Darwin a rencontrées, que les imperfections en matière de géologie ou que les incohérences qui étaient avancées et, c’est peut-être la raison pour laquelle il mis aussi longtemps avant de la divulguer. Il a tout de même abordé les sujets comme l'instinct animal, les affinités mutuelles entre les espèces, l’hybridisme, l'embryologie des organes rudimentaires, etc. Il a admis lui-même beaucoup d'imperfections dans son œuvre, mais la lutte pour la