CHAPITRE II FORCE et MATIÈRE

20-12-2010 11:26

"Dans la Nature rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Loi de conservation des masses. Antoine Laurent Lavoisier (1714-1789), Chimie.

 

"Nous ne savons pas encore ce qu’est l’énergie. Nous ne le savons pas encore car l'énergie est une chose étrange " Richard Feynman (1918-88), physicien quantique.

 

 

FORCE

 

Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur le concept de la Force, autant selon la physique que selon la philosophie, à travers les temps jusqu'à nos jours. Dans la première partie, nous présenterons une vision scientifique de la Force et, dans la deuxième, une vision philosophique.

 

1.           Vision scientifique de la Force

 

Actuellement, nous savons que tous les corps et toutes les substances sont en effet des combinaisons d’atomes, comme l’a supposé Démocrite (460 - 370 av. J.C.) lesquels atomes sont à leur tour, composés de nombreuses particules subatomiques maintenues soudées seulement par quatre domaines fondamentaux de la nature, dont les intensités s’amplifient dans l'ordre suivant :

 

La Gravité

 

La Gravité est la force qui maintient nos pieds fixés sur Terre et qui lie le système solaire et les galaxies. Si la force de gravité d’un moment à l’autre, s’interrompait d’une quelconque manière, nous serions alors catapultés immédiatement dans l'espace à la vitesse de 1.700 km par heure. De surcroît, sans la gravité, le Soleil qu’elle maintient aggloméré, exploserait en une catastrophique éruption d'énergie. Sans la force de la gravité, la Terre et les planètes tourneraient hors du système solaire dans les profondeurs de l'espace surgelé et les galaxies se désintègreraient en centaines de milliards d'étoiles. La conception la plus moderne de quelques physiciens audacieux est que la gravité résulte d'une déformation de l'espace-temps. Actuellement il existe une grande contestation scientifique à ce sujet (5).

 

L’électromagnétisme

 

L'électromagnétisme est la force qui maintient les électrons des atomes liés au noyau atomique avec une énergie approximative de dix électron-volts. Cette force est responsable de l'illumination de nos villes et de l’énergie de nos appareils électroménagers. La révolution industrielle et l'électronique nous ont fourni les lampes incandescentes et fluorescentes, la télévision, le téléphone, l'ordinateur, la radio, le radar, les micro-ondes, le téléphone portable, etc. Tous sont les sous-produits de la force électromagnétique. Sans cette force, notre civilisation aurait stagné, reléguée à un monde primitif s’éclairant à la bougie et au feu. Il est facile de comprendre que le domaine de la force électromagnétique découverte par James Clerk Maxwell (1831-1879), à partir de 1860, a révolutionné radicalement notre mode de vie. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer lors d’une panne d'électricité de quelques heures, le comportement des gens qui se retrouvent à reproduire les habitudes de leurs ancêtres des siècles derniers. Annuellement, les statistiques annoncent que, plus de la moitié de la richesse industrielle de la planète provient, d'une manière ou d'une autre, de l'utilisation de la force électromagnétique. La civilisation moderne, sans l'utilisation de la force électromagnétique, serait inconcevable (5).

La Force Nucléaire Faible

 

         La Force Nucléaire Faible est la force qui contrôle la baisse radioactive (radioactivité) des atomes. C'est la force faible des radio-isotopes utilisés dans les équipements hospitaliers modernes sous la forme de traceurs radioactifs, qui a permis d’engendrer la médecine nucléaire. En ce sens, la technologie du diagnostic et du traitement permettent de produire des images du cerveau de l’être vivant, visibles sur un écran d'ordinateur, rendant possible l’observation  de ce qui semble être le processus de la pensée (non pas sa genèse) et des émotions (là encore, non pas leur production) par la diminution de carbone radioactif du sucre parvenu au cerveau grâce à la  circulation sanguine (5, 6)

 

La Force Nucléaire Forte.

 

         La Force Nucléaire Forte (5, 7), est la force qui maintient protons et neutrons joints dans le noyau atomique, avec une énergie de l'ordre de dix millions d'électron-volts. Elle est un million de fois plus forte que la force électromagnétique. C'est elle qui donne son immense capacité au Soleil, ainsi qu’à toutes les étoiles, sources incontestables et inépuisables d'énergie. Sans la force nucléaire forte, les étoiles scintillantes s'effaceraient et l'espace serait totalement obscur. Sans le Soleil, toute forme de vie sur Terre périrait et les océans gèleraient. C'est la force nucléaire du Soleil qui rend possible la vie sur Terre. Cette force a été dominée par la technologie moderne et elle est responsable de la génération d'énergie électrique dans les usines nucléaires mais c'est elle aussi qui au moment de l’explosion d’une bombe atomique d'hydrogène, libère une quantité importante et dévastatrice d'énergie pouvant être comparée à un morceau de Soleil tombant sur Terre.  À partir de la découverte de la bombe atomique (1945), l'histoire humaine a pour la première fois été confrontée à un nouvel enjeu de choix politiques complexes qui pouvaient en plus, entraîner la destruction de toute forme de vie sur Terre. Avec la connaissance de la force nucléaire forte, nous avons pu finalement entendre et comprendre la colossale machine énergétique qui existe à l'intérieur du Soleil et des étoiles, mais nous avons aussi pu mesurer, pour la première fois, le risque que nous prenons à exterminer l'humanité.

 

2.           La Théorie de la Relativité et la Physique Quantique 

 

   Nous pouvons affirmer, sans aucune exagération, que le domaine de chacune de ces quatre forces fondamentales de la nature a changé toute la face de la civilisation humaine au cours de ces trois derniers siècles, principalement au cours du XXe siècle. Par exemple, lorsque Newton a tenté de résoudre mathématiquement sa théorie sur la  gravitation, n’ayant  pas de principes de calcul adéquats, il fut contraint de développer une nouvelle notion de mathématiques (la géométrie différentielle) formulant les célèbres lois sur la gravitation et sur le mouvement céleste (5) Ces lois de la Mécanique Quantique, à leur tour, ont permis d’établir la Révolution Industrielle qui a propulsé l'humanité de plusieurs millénaires de retard, de travail oppressif et de misère.

Pourtant il est vrai qu’à chaque fois que les scientifiques ont discerné les secrets de chacune de ces quatre forces fondamentales de la nature, ceux-ci ont irrévocablement modifié le cours de l'histoire de la civilisation moderne. L'histoire moderne nous confirme que certaines des plus grandes innovations scientifiques découlent de la compréhension et de l'utilisation graduelle de ces quatre forces fondamentales de la nature.

Aussi soumis que nous puissions être à l’absolutisme de ces quatre forces fondamentales, nous pouvons nous poser les questions suivantes : peuvent-elles être groupées en une seule et remarquable force ? Sont-elles les manifestations d'une réalité plus profonde, totalement méconnue de la science actuelle ?

De nos jours, il existe deux théories physiques qui expliquent, partiellement, les caractéristiques mystérieuses de ces quatre forces fondamentales de la nature. La théorie de la relativité générale et la théorie quantique, qui ensemble parviennent à expliquer, toutes les connaissances physiques à un niveau fondamental, sans aucune exception. Ces deux théories sont les mieux assimilées de tous les temps, ayant subi des tests à travers des milliers d'expériences et défis scientifiques. C’est grâce à ces deux théories que les lois de la chimie et de la physique peuvent être expliquées.

Pour décrire et expliquer les phénomènes du monde subatomique, c'est-à-dire le microcosme, la théorie quantique s'applique merveilleusement. Néanmoins, par contraste, pour décrire et expliquer les phénomènes du macrocosme, c'est-à-dire de l'espace sidéral, du monde des étoiles, des galaxies, des trous noirs et de la Création de l'Univers - les fondements par excellence demeurent au sein de la théorie de la relativité générale (5).

C'est la théorie quantique qui explique trois des quatre forces essentielles de la nature (l'électromagnétique, la force nucléaire faible et la force nucléaire forte), décrites ci-dessus, à travers l'échange de minuscules « paquets » d'énergie, appelés quanta. Quand une lampe est allumée et qu’un faisceau de lumière est émis, par exemple, plusieurs trillions de photons ou quanta d'énergie se déplacent de leur origine, c'est-à-dire de la source émettrice. Tous les phénomènes électromagnétiques impliquant l'émission de lumière d’une quelconque espèce, radiations et ondes comme celles qui sont utilisées dans les transmissions de radio, TV, radar, micro-ondes, rayons X, rayons lasers, etc., sont causés par le mouvement de ces photons, minuscules particules énergétiques. La force nucléaire faible est également régie par l'échange de particules subatomiques appelées W-bosons, évitant ainsi que la grande majorité des atomes se désintègre naturellement sous le phénomène de la radioactivité. La force nucléaire forte, d'autre part, s'explique par la présence de particules élémentaires, les quarks, maintenant ainsi les photons du noyau bien proches les uns des autres par l'échange de gluons, autre type de particule nucléaire, responsable du résultat de type "collage" ou stabilisation de protons. Le seul atome dépourvu de ce mécanisme est l'hydrogène (le premier élément du tableau périodique), possédant uniquement un proton dans son noyau (5, 6).

Néanmoins, la théorie quantique est en étroit contraste avec la théorie de la relativité générale d'Einstein, qui sollicite un milieu physique totalement différent pour expliquer la force de gravité. Cette théorie, qui n’exempte pas la quatrième dimension (l'espace-temps), nous enseigne que tous les mouvements dans l'espace s’effectuent selon une trajectoire circulaire, menant vers une définition totalement nouvelle de la force. Pour elle, le concept de force est remplacé par un autre concept plus élégant, qui prend en compte la giration de l'espace : la force de la gravité n’est rien d’autre que le sous-produit de la déformation de l'espace. Selon cette théorie, la Terre se déplace autour du Soleil en trajectoire rotative, parce que l'espace-temps est lui-même circulaire. D’après cette nouvelle représentation, la gravité n'est pas une "force", mais un sous-produit de la déformation de l'espace-temps. (5) Ainsi, dans un certain sens, la gravité n'existe pas. Ce qui fait mouvoir les planètes et les étoiles n’est que la déformation de l'espace-temps, qui est le continuum de quatre dimensions dont trois dimensions spatiales et une dimension temporelle.

Les scientifiques se sont retrouvés, il y a plus de cinquante ans, confrontés à une difficulté, essayant de résoudre cette impasse scientifique représentée par l'incompatibilité entre ces deux théories. Albert Einstein lui-même, auteur de la théorie de la relativité spéciale (conversion de matière en énergie selon la formule classique E = mc²) et de la théorie de la relativité générale (qui explique la gravité), a œuvré pour solutionner ce problème durant les trente dernières années de sa vie, sans succès. Ce sont des aspects physiques différents, c’est-à- dire des « paquets » (quanta) d'énergie d'un côté versus le continuum de l'espace-temps de l'autre, exigeant différentes notions mathématiques pour les expliquer. C’est la racine du problème. Toutes les tentatives menées par les plus grandes intelligences du XXe siècle dans le but de fusionner la théorie quantique et la théorie de la gravité, ont avorté. Incontestablement, le plus grand problème de la seconde moitié du XXe siècle par rapport aux physiciens d'aujourd'hui, est l'unification de ces deux structures physiques en une seule théorie, qui a été nommée par les physiciens "Théorie du Tout", mais sans avoir été formulée.

"Certains ont comparé ce triste état de fait à une mère nature possédant deux mains, qui ne peuvent communiquer l’une avec l'autre. Rien ne pourrait être plus embarrassant ou plus pathétique que de voir quelqu'un dont la main gauche agit en totale ignorance de la main droite " (5) a dit le physicien Michio Kaku, qui a été confronté à ce dilemme.

 

3.           Théorie des Supercordes

 

 Les physiciens les plus célèbres du monde entier, de même que plusieurs prix Nobel, travaillent incessamment sur le sujet, cherchant la solution au problème, en confrontant leurs grandes et intenses controverses. Actuellement, la nouvelle théorie des supercordes est en vogue et tracassera les scientifiques du monde entier dans les cinquante prochaines années de ce XXIe siècle, comme l’a fait la théorie quantique durant les cinquante dernières années. C’est une théorie "trop insensée" pour être correcte, qui affirme que toute la matière et l'énergie peuvent être réduites à de minuscules fils chargés d'énergie qui vibrent dans un univers de 10 dimensions (5). C’est une théorie séduisante, qui sonne bien, mais qui semble très extravagante ! Les cordes peuvent vibrer à des fréquences différentes, comme les cordes d'un violon. Chaque fréquence, à son tour, correspond à l’une des plus de trois cents particules subatomiques déjà découvertes par les physiciens. Le grand problème de cette théorie est qu’il faudrait réinventer une conception nouvelle des mathématiques qui permettrait la résolution des équations extrêmement complexes nécessaires à sa démonstration. Edward Witten, de l'Institut d'Études Avancées de Princeton (USA), successeur d'Albert Einstein, est l’un des nombreux physiciens à s’être lancé dans cette provocatrice aventure (5).

Pour résumer : les "notes" de la supercorde sont les particules subatomiques, les "harmonies" des supercordes sont les lois de la physique et "l'univers" peut être comparé à une symphonie de supercordes en vibration.

Néanmoins lorsque la corde vibre, elle établit le continuum espace-temps en se déformant. Singulièrement, les physiciens affirment qu’un calcul détaillé montre que la supercorde oblige le continuum espace-temps à se tordre exactement comme l’avait prévu originellement Einstein. Si cela venait à être démontré, ce ne serait que mathématiquement. Les physiciens seraient alors en possession d'une description harmonieuse qui unifierait la théorie des quanta avec la théorie du continuum espace-temps (5).

 

4.           Vision philosophique de la Force

 

Nous ne devons pas perdre de vue que la séparation entre la philosophie et la science, en qualité de contenant pragmatique, est très récente et qu’elle s'est consolidée au milieu du XIXe siècle. Ainsi, les penseurs antérieurs à 1850, qui se consacraient à la spéculation métaphysique de l'inconnu ou à l'étude de la nature, étaient tous considérés comme des savants et non comme des philosophes ou des scientifiques ou même des intellectuels, conceptions introduites beaucoup plus récemment. Quelques-uns avaient une connaissance encyclopédique, tant leurs savoirs étaient profonds et diversifiés (9). La diversification, aujourd'hui, accepte de nombreuses connaissances dissociées des sciences dites exactes (mathématique, chimique et physique) ou qui se différencient pour des recherches ou à des fins professionnelles (philosophie, psychologie, sociologie, etc.). La diversité s’est imposée plus précisément à partir de la révolution industrielle. La philosophie moderne est née, ainsi, comme conséquence et comme nécessité par rapport à l’époque du rationalisme de René Descartes (1596 -1650), englobant et réajustant les concepts plus avancés et sûrs de la métaphysique, de l'éthique, la morale, la politique, la force et la matière, de l'esprit et du corps, de la conscience, la causalité, la substance, etc. Ces concepts, fondés principalement sur l'exacte compréhension de la dualité esprit-corps, de la conscience et des milliers de phénomènes qui leur sont associés, constituent un grand défi pour la science.

Du point de vue philosophique idéaliste, tout ce qui existe dérive d'une Raison Universelle, de suprématie absolue. Par exemple, pour Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 - 1831), philosophe allemand de l'école idéaliste post Kant, le monde (Terre) est la manière de réalisation, dont le principe émane de l'idée absolue d'un précepte rationnel et idéal supérieur, divinisé par les religions et qui, dans le processus d'auto-développement, connaît sa propre essence à travers la nature et l'histoire humaine, ce principe est en éternelle évolution. Il y a là une approche indirecte avec le principe de l'Évolution (18). Conceptions analogues au monde qui sont propres aux nombreux philosophes de l'idéalisme objectif. Les idéalistes subjectifs déjà considèrent tous les objets du monde extérieur comme provenant du monde intérieur de l'homme, de ses sensations et perceptions. Nous devons rappeler que les objets possèdent des propriétés qui sont caractéristiques de la Matière, tandis que la Force commande le mouvement et les transformations et, sous ses formes les plus évoluées, elle possède des attributs.

Mais faisons un retour en arrière dans le temps. Au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, Leibniz (1646 - 1716) a longuement médité sur le concept de la substance et a conjointement introduit le concept de la monade. Cette dernière s’inspire par analogie de la théorie atomiste de Démocrite et aussi des idées de Giordano Bruno (8, 13). Selon lui, "pour qu'une chose soit réellement un être - une substance - elle doit être vraiment unique, elle doit être une entité dotée d’unité propre. L’unité substantielle exige une entité indivisible et naturellement indestructible ".

Or la matière comme nous la percevons, est étendue (occupe la place dans l'espace) et infiniment divisible (comme l'atome lui-même - unité fondamentale de la matière), de ce fait elle ne peut être la vraie substance, l’origine d’elle-même (8).

L'origine est unique (genre, représentée par la Force fondamentale) et, en même temps, individualisable (espèce - le monde physique, représenté par la matière fondamentale), indivisible, éternelle et inépuisable. L'être véritable doit posséder l’unité (Force) et, comme les corps (Matière) sont extensibles et divisibles, ils ne peuvent représenter cette unité (Force) À partir de ce raisonnement logique, presque concret, Leibniz a créé le concept de la monade. L'unité est dans les monades, qui sont ponctuelles (particules de Force) et indivisibles, et ainsi répondent à la réalité. Force et Matière, lorsqu’ils sont joints, représentent notre réalité physique, la Force agissant toujours dans la Matière qui par rapport au mouvement, est inerte (10). Nous avons introduit ici et dans les considérations qui suivent les termes Force et Matière, afin de moderniser ces concepts.

Pour l'observateur attentif, il existe ici une grande similitude avec l'actuelle théorie des supercordes, que nous avons traitée à la fin de la partie « vision scientifique de la force ». Le mot "monade" signifie "unité" (il vient du Grec : monas) Le terme fut utilisé en premier par les pythagoriciens, comme étant la désignation du nombre initial d'une série de nombres. Giordano Bruno a employé ce terme dans le sens de "substance réelle" (7), terme qu’il aurait emprunté à Plotino et que Leibniz, qui avait certainement lu leurs écrits, aurait repris.

Parlons un peu plus des monades. Mais, de quoi les monades sont-elles composées ? De deux éléments : un élément matériel (Matière) et un élément spirituel et dynamique (Force), qui ensemble forment sa nature spécifique. Ils sont indissociables dans les mondes physiques (comme sur la Terre, par exemple), tant qu'une certaine Force (individualisée) agit sur une certaine matière (individualisée) et varient quantitativement, chaque monade ayant une relation de quantité différente entre ce qu’elle possède de matériel (propriétés) et de spirituel (attributs ou qualités intrinsèques), dépendant du type de corps qu’ils constituent. S’il s’agit du corps brut d'une roche (royaume minéral) ou du corps d'un être vivant (végétal ou animal ou encore de l'homme lui-même) (8,10, 18).

Toutes les monades (Forces) sont éternelles, immortelles. Mais, toute monade (Force), quand elle agit dans la matière minérale ou organique (êtres vivants), conserve toujours un certain degré de passivité – son imperfection, laquelle a donné naissance à la monade (sous la forme commune de Force-Matière) et qui ne se libéra en qualité de force qu’à travers l’évolution. La matière primaire (conçue dans l’abstrait, elle n’existe donc pas sans la matière secondaire, la forme) est la matière en elle-même, toute passive, sans aucun principe de mouvement. La matière secondaire ou " habitat " est celle qui possède en elle un principe de mouvement, qui est le principe vital des êtres les plus évolués, c'est-à-dire, la Force dans son concept le plus puissant. Ainsi, à la matière primaire, toute passive, dotée uniquement d'extension (comme voulait Descartes), Leibniz oppose la matière secondaire ou "habitat", qui contient la Force spirituelle, dotée d'action. L'élément matériel dans la monade, correspond à la passivité de la matière primaire et l'élément immatériel, correspond à l'activité de la forme de la substance, attribuée par la Force ; matière et forme, Force et Matière, comme chez Aristote et chez Platon, donc chaque monade représente une matière primaire ou un principe passif, mis en action grâce à l'élément actif (Force) qui est, sur l'échelle humaine, une âme, un esprit en quête de perfection (8,10, 18).

Il faut souligner que Baruch Spinoza (1632 - 1677), a travaillé et considéré le concept de la monade, avec le raisonnement suivant :

 

[... ] Or, toute substance est monade, tout corps est fait de monades, et ceux-ci sont des unités rigoureusement indivisibles et, donc, inextensibles, parce que l'extension est toujours divisible. Ces monades simples ne peuvent pas se détériorer, ni être dissoutes (elles ont une vie éternelle) et aussi, ne proviennent pas d’une quelconque composition. Elles constituent la vraie substance (essence), néanmoins elles varient en degré de spiritualité, et ainsi peuvent constituer des substances diverses de Dieu propres à chaque chose (21).

Puisque nous parlons ici de spiritualité, nous nous référons à l'homme. Leibniz a avancé que le monde ne comprend qu’un seul et unique type de substance (genre), un seul et vrai être qui est la Nature ou Dieu, toutefois il existe une variété infinie de substance (espèce) appartenant à ce type. La dualité interne des monades, en partie matérielle et en partie spirituelle, fait qu’elles appartiennent à la fois au monde spirituel et au monde physique, ce qui est semblable à l'idée selon laquelle le matériel et le spirituel sont "les deux faces d'une même substance", comme prétendait Spinoza. Nous devons rappeler que Spinoza était athée depuis sa jeunesse.

Nous voyons ainsi que la dualité pour Leibniz et pour Spinoza (8,10) n'avait pas la même signification, la conception cartésienne de la dualité étant beaucoup plus radicale. Leibniz conteste Descartes sur deux aspects, disant que les cartésiens s’étaient trompés en supposant deux substances isolées, la substance étendue (Matière) et la substance spirituelle (Force) et qu’ils s’étaient trompés aussi en limitant la matière uniquement à l’extension. Le premier aspect suppose que les monades sont l’unique substance, et que les deux natures, le matériel et le spirituel, coexistent de sorte que toute chose ou tout être possède sa dose de matérialité et spiritualité, sans que ceci représente une dualité radicale, comme le prétendait Descartes. Quant au second aspect, Descartes (14,15,16) ne se souciait pas de la Force, mais seulement du mouvement, du simple changement de position d'un objet en relation avec ses coordonnées initiales (cinématique, un chapitre de la mécanique). Le mouvement visible n'est pas uniquement un mouvement local observé, il doit être le résultat d'une Force. Il est produit par une "force vive", qui est dans la monade. Le concept de Leibniz est une formulation dans laquelle, contrairement à la conception de la Mécanique cartésienne, le mouvement n'est pas créé par une énergie cinétique, mais existe comme faisant partie de la monade. La dénommée matière, dans son essence, contient aussi, la force. L'idée d'une nature statique et inerte est substituée par une idée dynamique, en contraste avec une physique de l'extension, reprenant la pensée grecque selon laquelle la nature est le principe du mouvement. Contrairement à Descartes, Leibniz (1675) considère les êtres comme des forces vivantes et non comme des machines. La notion de substance a toujours signifié essentiellement une chose inerte, qui n'explique pas la résistance que la matière oppose au mouvement. Nous rappelons que tous les trois ont été des contemporains et que Leibniz a vécu comme Spinoza, aux Pays-Bas.

Ainsi de même qu’est rejetée la position dualiste de Descartes à propos de l'indépendance entre une substance matérielle et une autre spirituelle, Leibniz rejette également la position moniste matérialiste selon laquelle la pensée et la conscience sont du domaine purement matériel et mécanique. Dans son livre Hypothesis Physica Nova (1671), il dit que le mouvement dérive, comme l’avait soutenu l'astronome allemand Johannes Kepler, de l'action de l'esprit (Dieu). Outre la théorie selon laquelle les monades composent toutes les choses du monde extérieur, il y a l'expérience intérieure, l'expérience de la conscience, qui ne peut être expliquée par des nombres ou par le mouvement.

En résumé, la monade n’est pas extensible, n'est pas divisible, n'est pas matérielle. Ce sont des unités sans corps, qui constituent les composants, ce sont les éléments des choses. Monade est force, énergie, vigueur. Les monades sont des unités de force. Pas la force physique, mais la capacité de pénétrer, d'agir (8, 10).

Après avoir défini la substance comme action, Leibniz a expliqué que l'action essentielle de la substance est la représentation. L'activité continue de la monade est l'effort de se réaliser, de se représenter comme étant la conscience, acquérant toujours plus de conscience de ce qui est virtuellement contenu  en soi-même. Bien que sa quantité soit infinie, chaque monade est totalement différente d’une autre. Elle varie aussi son pouvoir de représentation. La forme la plus primitive, la perception, comprend une représentation confuse et obscure d'elle-même. La forme plus évoluée, l’aperception, consiste en la représentation claire d’elle-même ou conscience personnelle (8,10, 22).

 

MATIÈRE

 

Comme nous le savons, dans l'univers il existe une quantité infinie de matière dispersée, agglomérée et regroupée sous les plus diverses formes. De même, dans la réalité de notre monde Terre, tout ce qui occupe une place dans l'espace (extension), de même que la Terre elle-même, est constitué de matière. Elle est directement perçue par nos sens physiques. La matière, bien qu’elle soit inerte, peut se montrer en mouvement, activée par la Force. Dans l’absolu, rien n'est immobile dans l’Univers : tout est en mouvement permanent et continu. À partir de là nous disons qu'il y a une harmonie dynamique dans tout l'Univers. Nous allons discerner la matière sous deux approches ou visions différentes : la vision scientifique et la vision philosophique. En la caractérisant comme l’un des composants de l'Univers, nous commencerons par l’écrire avec une majuscule.

 

5.                 Vision scientifique de la Matière

 

Depuis la plus lointaine antiquité jusqu’à aujourd’hui, l'homme a utilisé ses ressources mentales et son génie pour apprivoiser les forces de la nature et les employer dans son intérêt. Pour la découverte de la réalité concrète et essentielle de la Matière cela n'a pas été différent. Il y a environ 2.400 ans, à l’occasion du passage de Pythagore sur Terre, toute la connaissance de la Matière était encore réduite aux quatre éléments fondamentaux : air, eau, terre et feu. Ce fut Démocrite de l’Abdère (Thracienne), disciple de Leucippe et de Pythagore, philosophe pré-socratique (460-370 av. J.C.) de sagesse encyclopédique, qui nous a légué les premières connaissances sur la vraie nature de la Matière à travers sa théorie atomiste. Pour lui, la Matière était constituée de particules minuscules, indivisibles et invisibles à l’œil nu, qu’il a nommées atomes (du grec : atomos qui signifie indivisible). Cette semence, qui est restée à l’état latent pendant plus de 2.300 ans a germé seulement à la fin du XIXe siècle, mais n’a été certifié qu’au cours de la première moitié du XXe siècle, lorsque les secrets du noyau atomique furent découverts par la science.

Nous avons vu que jusqu'alors, les atomes, bases essentielles de la Matière, étaient considérés comme indivisibles, dépourvus de structures et immuables. Mais, bien avant cela, la chimie œuvrait avec les atomes comme s’ils étaient des éléments primaires, invisibles et indestructibles de la Matière, qui pouvaient s’unir, se séparer et s’interchanger dans le cadre spécifique de leur structure, déterminant ainsi toute la diversité qualitative et quantitative des nombreuses substances et produits qu’ils pouvaient créer. Ainsi, l'idée de l'immuabilité des atomes s'identifiait avec celle de la Matière comme étant l’un des composants basiques de l'Univers. En faveur de cette vision universelle de la Matière, le chimiste Antoine Laurent Lavoisier (1743-1794), en 1774, a vérifié expérimentalement que, dans un système chimique fermé, la masse totale est constante. Sur le fondement de ses démonstrations expérimentales il a établi le principe chimique et philosophique général qui a reçu le nom de Loi de la Conservation des Masses : "Dans la nature rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Ce principe universel a corroboré le principe de l'indestructibilité des atomes établi par la théorie atomiste de Démocrite il y a 2.300 ans !

Pour avoir une idée de l’insignifiante dimension des atomes, nous allons prendre un petit fil de cuivre, de ceux qui sont utilisés dans les installations électriques des maisons et le diviser en d’infimes résidus. Sachant que, même si vous utilisez un microscope et continuez à le diviser en fragments microscopiques, vous serez encore très en deçà de voir un atome de cuivre. Alors, combien mesure l'atome de cuivre ? Pour imaginer cela, sachez que si vous pouviez aligner des atomes de cuivre les uns à côté des autres sur un millimètre, il y aurait 10 millions d'atomes ! Autre exemple : Une petite sphère monobloc de cuivre de deux centimètres de diamètre contient environ 25 septillions d'atomes, le nombre vingt-cinq suivi de vingt-quatre zéros ! Ceci veut dire que, si nous maintenions les mêmes proportions et que nous élargissions les diamètres des atomes au même diamètre que la sphère de cuivre (deux centimètres), cette dernière mesurerait alors 200 millions de centimètres de diamètre ou 200 kilomètres ! C'est donc pour cette raison que nous appelons ce petit monde le microcosme, ceci en opposition au macrocosme qui représente toute l'expansion de l'univers (23).  

Aussi petit soit-il, l'atome est, à son tour, constitué de particules très infimes et d’une grande utilité pour nous. Plusieurs modèles atomiques ont précédé l'actuel, comme celui de l'Anglais John Dalton (1803), de l'Anglais Joseph J. Thomson (1903), du Néo-Zélandais Ernest Rutherford (1911) Actuellement et cela  depuis 1913, a été adopté le modèle basique créé par le physicien danois Niels-Bohr, où l’atome est représenté par un petit noyau central entouré d’une ou plusieurs couches de particules disposées en orbites et qui gravitent autour de lui, composant « l’électron planète ». Dans les couches orbitales, de façon semblable aux planètes, circulent des particules dénommées électrons, qui possèdent une charge électrique négative. Au centre, le noyau fixe, semblable à un petit soleil, beaucoup plus stable que les couches orbitales, contient des particules plus lourdes que les électrons, de deux natures : protons, avec charge électrique positive et neutrons avec charge neutre. Dans les atomes, le nombre de protons est égal au nombre d’électrons, sa quantité varie d’un type d’atome à l’autre, déterminant ainsi, le nombre atomique de l'élément. Les atomes, en condition normale, sont stables et leur charge est électriquement équilibrée. Pour faciliter l'étude, les atomes ont été référencés - sur le Tableau Périodique des Éléments - de manière organisée et logique quant à leur numéro atomique. L’atome d'Hydrogène est le plus simple, occupant la première place, et l'atome d’uranium est le plus complexe, posséde le numéro 92 et occupe la dernière place dans l'échelle atomique naturelle des éléments. Avec l'avènement de l'énergie atomique, ce tableau des éléments naturels a été élargi pour inclure, aussi, les éléments transuraniques, qui sont actuellement au nombre de 21. Ainsi, le nouveau Tableau Périodique renferme 113 éléments. Pour avoir une idée de grandeur, un atome spécifique a un diamètre de 10-8 centimètres et son noyau, de 10-13 centimètres. L'atome tout entier est 100.000 fois plus grand que le noyau. Néanmoins, plus de 99 % de la masse de l'atome se trouve concentrée dans son noyau (1, 3).

Tous les atomes possèdent des propriétés, certaines génériques et d’autres spécifiques, qui donnent aux atomes leur propre identité. Ils peuvent s'agglomérer avec un ou plusieurs autres atomes identiques ou différents pour former des molécules qui, à leur tour, sont les plus petites portions d'une substance quelconque. La chimie et les technologies qui émanent d’elle s’intéressent aux réactions et phénomènes, utilisant la Matière et, donc, les atomes et les molécules, sous leurs diverses formes, pour produire des substances et des produits de grande utilité pour notre vie moderne. Pour cela, seule la couche orbitale la plus externe de l’électron, appelée couche de valence, est utilisée.

D'autre part, un autre ensemble de propriétés des atomes, qui découle de l'existence d'électrons libres, est l’objet de la physique classique et de ses activités dérivées. Ces électrons en fonction de certains matériels comme pour le cuivre de notre exemple précédent, produits par excitation de ladite couche sous certaines conditions, servent à produire de l’électricité, des champs électriques et électromagnétiques, ainsi que, de nombreux autres phénomènes qui lient la Force et la Matière.

Concernant l'interférence dans les noyaux atomiques, celle-ci est plus complexe et plus coûteuse, quelle que soit sa finalité - recherche, génération d'électricité, production de bombes atomiques ou production de radio-isotopes pour utilisation médicale. Pour atteindre ces objectifs, il faut recourir aux connaissances de la physique nucléaire, rigoureusement contrôlée par les Nations Unies.

Il est encore nécessaire d'approfondir les particules élémentaires qui, à l'exception de l'électron, agissent à l'intérieur du noyau ou existent de manière indépendante. Actuellement, il a été découvert environ trois cents variétés de particules élémentaires. À la majorité des particules connues, correspondent des antiparticules (opposées à elles par le signe de leur charge électrique et par quelques autres propriétés), comme, à l'électron (chargement négatif) correspond le positron (chargement positif), au proton, correspond l'antiproton (chargement négatif), etc. Il y a des différences subtiles entre les particules et les antiparticules qui affectent seulement quelques propriétés de la Matière, comme le signe de leur charge électrique, le moment magnétique, etc., mais, la majorité de ses propriétés sont les mêmes. Vraisemblablement, les lois de l'action réciproque nucléaire, électromagnétique et gravitationnelle s'appliquent à l'antimatière et, par conséquent, aux lois qui régissent la formation des différentes combinaisons chimiques, des systèmes cosmiques, etc. Au lieu d’utiliser le terme d'"antimatière" pour désigner cette forme hypothétique de la Matière, il serait plus correct peut-être, d’employer le terme "matière d'antiparticules", puisque la masse au repos qui caractérise la substance est propre aussi à toutes les antiparticules, excepté à celles de l'antineutrino (2).

Plus spécifiquement, on ne peut inclure dans la catégorie de Matière les particules élémentaires comme le neutrino et l'antineutrino, dont l'action réciproque avec la Matière est faible, bien que ces particules possèdent une très forte capacité de pénétration. Ces particules absorbent une quantité considérable de l’énergie des étoiles, remplissant tout l'espace qui nous entoure et leur rôle dans la transformation générale de la Matière dans l'Univers doit être très grand, bien que la science soit encore très loin de découvrir leurs secrets. Et que penser des antiparticules des neutrinos, les antineutrinos  (2) ?

 

6.                 Vision philosophique de la Matière

 

 Beaucoup de thèses audacieuses et pour quelques-unes même profondes, ont été formulées sur l'Histoire de la Matière. Les conceptions matérialistes ont cherché dans le développement scientifique leur source d'inspiration, s'affermissant dans les propriétés fondamentales de la Matière (domaine d'étude de la Chimie) et dans les lois qui régissent le mouvement physique (domaine d'étude de la Physique). Ce sont des matérialistes français du XVIIIe siècle, qui ont mis à l’honneur la thèse selon laquelle la Matière et le mouvement sont indissociables - essayant d’enterrer le dualisme Force et Matière de René Descartes - selon lequel le mouvement est un attribut très important, une forme d'existence de la Matière. Le fondement du mouvement inhérent à la Matière a produit d’énormes controverses. De là, entre autant de conceptions Philosophiques Matérialistes, basées sur la Matière, nous devons seulement en retenir deux.

 

Le Matérialisme Mécaniciste

 

Les lois de la mécanique d'Isaac Newton (1642-1727) étaient considérées comme étant des lois universelles de la nature et aussi, des principes fondamentaux de l'être qui conditionnent toutes les autres lois de la nature et de la société. Ces lois constituaient la base du matérialisme en vigueur à leur époque - le matérialisme mécaniciste, qui a précédé au matérialisme dialectique de Marx et d'Engels. Les grands progrès scientifiques opérés dans les Sciences Naturelles (Théorie de l'Évolution, de Charles Darwin), durant la seconde moitié du XIXe siècle (1859) et les découvertes de la physique et de la chimie, ont été poursuivis durant tout le XXe siècle. À cette période, avec le développement de la théorie du champ magnétique, la découverte de la radioactivité, de la structure complexe des atomes et tant d’autres, les bases de la vision mécaniciste du monde ont été attaquées. Car, tant qu’une explication générale du phénomène de la radioactivité n’était pas trouvée pour prouver que la matière  «disparaît », la loi sur la conservation des masses, établie par Lavoisier, semblait à Terre (2). Malgré ces nouvelles découvertes, les défenseurs du matérialisme dialectique ont persisté en affirmant que la destructibilité de l'atome, sa perpétuité, la mutabilité de toutes les formes de la Matière et de son mouvement ont toujours été le pilier du matérialisme dialectique.

Plusieurs courants philosophiques matérialistes sont apparus alors, avec les plus diverses conceptions, tous, néanmoins, profitant exclusivement des perceptions de nos sens physiques et des instruments créés par l'homme lui-même. Les matérialistes essayent d'expliquer le monde qui nous entoure grâce à l'activité d'une partie matérielle, le cerveau humain, affirmant que même les idées et les concepts les plus abstraits sont produits par l'activité cérébrale. Ce courant de pensée prétend que le monde qui nous entoure n'est rien de plus qu'une forme concrète de la Matière, un certain état ou sa propriété, un produit de sa mutation constante et régulière. Les partisans de ce courant ont affirmé que la Matière est la seule base universelle de tout ce qui existe, de tous les objets et phénomènes de la réalité et qu’elle exprime l'essence générale du monde (2) En pensant ainsi ils basent leurs justifications sur la réalité observée dans le développement de la Science tout au long de l'Histoire de l'homme, principalement par l'exploitation technologique du siècle dernier.

La Matière et toute la quantité infinie des différents objets qui existent et qui se déplacent dans l'espace et dans le temps, ont une diversité inépuisable de propriétés. Nos organes des sens peuvent percevoir seulement une partie insignifiante de toutes les formes de la Matière réellement existantes ; néanmoins, grâce à la construction d'appareils et d'instruments de mesure de plus en plus parfaits, l'homme repousse sans cesse les limites du monde connu. Ainsi, les particules élémentaires que la science a découvertes au XXe siècle, se différencient qualitativement par les propriétés des corps macroscopiques avec lesquelles l'homme est en liaison  dans sa vie quotidienne et ceci approfondit, de manière essentielle, nos notions de la Matière.

Matérialisme Dialectique

 

Pour le matérialisme dialectique, qui a imprégné le socialisme marxiste adopté par l'Union soviétique et par les pays satellites pendant la majeure partie du XXe siècle, le concept de la Matière comme réalité objective possède un sens ample et caractérise toutes ses propriétés, lois générales, lois de mouvement, lois d'existence, etc. qui lui sont associées. Ces "agrégats" sont, vis-à-vis de ce concept, de vrais accessoires inhérents à la Matière comme certaines lois de son existence, un genre de mouvement, etc., indissociables de la Matière, néanmoins différents d’elle et, pourtant, la Matière ne peut être évaluée. Ainsi, le mouvement, l'espace, le temps et les lois de la nature ont une réalité objective. Néanmoins, ils ne peuvent être expliqués avec la Matière, la Matière existe sous forme de variété infinie d'objets et de systèmes concrets, dont chacun possède le mouvement, la structure, concaténations et interactions espace-temps et d’autres plus généraux et particuliers. La Matière n'existe pas en dehors des objets et des systèmes et, en ce sens, il n’y a pas objectivement "matière en tant que telle", matière "pure", comme une substance primaire et amorphe. Le matérialisme dialectique admet la substantialité de la Matière, néanmoins uniquement dans le sens de ce qu’elle est précisément comme la seule base universelle, le substrat pour les diverses propriétés, concaténations, formes de mouvement et lois. N’importe quelle forme de Matière (les micro-objets inclus) possède une structure complexe, une infinité de concaténations internes et externes, ainsi que la faculté de se métamorphoser en d’autres formes.

Le matérialisme dialectique (2) qui réfute l'existence de la "matière primaire" comme essence ultime et immuable, reconnaît la substantialité de la Matière seulement dans le sens où précisément elle (et non la conscience, ni rien de surnaturel) est la faculté base universelle des différentes propriétés des phénomènes et détermine l'unité du monde autour. Les matérialistes dialectiques affirment que le développement successif de la connaissance permettra, sans aucun doute, de pénétrer au niveau structurel plus profond de la Matière, sans invalider sa philosophie. Pour cette raison, le concept de substance a changé qualitativement de sens dans la philosophie marxiste.

Le matérialisme dialectique et les lois qui lui sont associés servent de base méthodologique pour effectuer des recherches scientifiques, élaborer une conception scientifique et matérialiste du monde et interpréter les découvertes de la science conformément à la réalité du monde Terre. Remarquons que cette doctrine se perfectionne sans cesse, s'approfondit avec le progrès de la connaissance scientifique. De nouvelles catégories apparaissent. Elles reflètent, à un niveau chaque fois plus élevé, la réalité, qui sera toujours de plus en plus complexe que toutes nos notions actuelles, y compris les plus parfaites (2).

Néanmoins, le matérialisme dialectique se trompe en affirmant que la Matière est la base substantielle universelle de tous les phénomènes, qu’elle n’a pas été créée inutilement, qu’elle est indestructible, éternelle dans le temps et infinie dans l'espace, qu’elle possède une existence objective et qu’elle est indépendante de la conscience. Dans notre compréhension, il s'agit d'une médiocre philosophie qui ne résiste pas à une analyse plus profonde.